Les oiseaux migrateurs entreprennent de longs voyages à travers le monde, rythmés par les saisons. Ces voyages ont fasciné les humains depuis toujours. Chaque automne, des millions d’oiseaux traversent le ciel pour passer l’hiver plus au sud. Après des mois d’absence, ils reviennent le printemps suivant pour se reproduire et élever leurs jeunes.
Comment font les jeunes oiseaux inexpérimentés pour entreprendre leur première migration et savoir où aller ? Cette route est-elle codée dans leurs gènes ou apprennent-ils la route en suivant les adultes expérimentés ?
Dans un environnement qui change du fait des activités humaines, il est crucial de comprendre la vitesse à laquelle les oiseaux migrateurs peuvent adapter leurs routes migratoires. La Tour du Valat a besoin de vous pour répondre à cette question.
Pourquoi est-ce important d’en savoir davantage ?
La part des facteurs environnementaux et génétiques qui régissent les routes migratoires permet de déterminer à quelle vitesse les espèces migratrices peuvent adapter leur migration aux changements globaux.
Si la migration est façonnée principalement par les gènes, la capacité d’adaptation dépend de la variabilité génétique et du temps de génération. Pour les espèces longévives avec des longs temps de génération, telles que les spatules blanches, la sélection naturelle des « gènes de migration » est un processus assez lent.
En revanche si les oiseaux juvéniles apprennent leur route des adultes, il est attendu que la vitesse d’adaptation soit relativement rapide, car les jeunes ne suivront pas des routes migratoires inadaptées.
En plus de l’information sociale, les jeunes oiseaux expérimentent la disponibilité en nourriture et les conditions climatiques, qui peuvent influer leurs décisions d’entreprendre leur migration ou de rester sur un site de halte, ou bien encore de changer la direction de la migration, ce qui conduit à une adaptation plus rapide des routes migratoires.
Objectif du projet & intérêt pour la conservation
Ce projet se propose de comprendre le rôle des facteurs environnementaux et génétiques qui façonnent les routes migratoires des individus, en considérant la Spatule blanche Platalea leucorodia.
L’étude permet de mieux comprendre les contraintes et la capacité des spatules, et des oiseaux migrateurs en général, à ajuster leur migration aux changements dans leur environnement. De plus, le suivi par les bagues colorées ou le suivi par balises GPS permet d’identifier les sites importants pour l’espèce et d’autres oiseaux d’eau durant tout le cycle annuel.
Pourquoi les spatules blanches ?
La Spatule blanche est une espèce qui possède plusieurs stratégies de migration selon les individus.
Par exemple, la population camarguaise emprunte deux voies de migration, l’une Atlantique, avec un hivernage en Espagne, Mauritanie ou Sénégal et l’autre Centre-européenne avec un hivernage principalement en Italie et en Tunisie. D’autre part, environ 200 individus hivernent en Camargue (en savoir plus sur la dispersion hivernale des spatules de Camargue).
La population néerlandaise, quant à elle, emprunte exclusivement la voie de migration Atlantique ; mais tandis que quelques individus font de courtes migrations jusqu’en France, d’autres hivernent dans la péninsule ibérique et un large groupe hiverne en Mauritanie et au Sénégal.
Ces deux populations font l’objet de suivis à long terme de comptages et de suivis par bagues colorées depuis de nombreuses années (voir le projet). Ainsi, la Tour du Valat et ses partenaires suivent les jeunes spatules durant leur première migration, en utilisant un code unique à chaque individu inscrit sur une bague PVC visible à 300 mètres à l’aide d’un télescope.
Vous êtes invités à transmettre vos observations d’oiseaux bagués à Thomas Blanchon à la Tour du Valat (e-mail).
Instructions
Si vous observez une spatule blanche avec une balise GPS sur son dos, la Tour du Valat souhaiterait que vous leur transmettiez les informations suivantes :
- Date, heure et lieu (nom du site et coordonnnées GPS)
- L’oiseau est-il seul ou en groupe ?
- Quel est le comportement de l’oiseau : en nourrissage, en vol, au repos ?
- Quel est le code de la bague PVC visible sur une de ses pattes ?
- L’oiseau est-il en bonne condition (une photo peut aider) ?
- Si l’oiseau se nourrit, quel est le taux de prise de nourriture ? Essayer de compter le nombre de proies que l’oiseau ingère en une minute (vous pouvez répéter l’opération plusieurs fois).
Pour en savoir plus : https://tourduvalat.org/actions/projet-participatif-etude-du-comportement-migratoire-des-spatules-blanches/