Tous ceux qui ont assisté à la conférence de Véronique Bialoskorski, samedi dernier ne verront plus jamais les corvidés du même œil.
Tout au long de sa conférence, Véronique, présidente de l’association LADel*, nous a démontré au travers de nombreux exemples à quel point les corvidés sont des espèces intelligentes. Ils sont curieux, sensibles, joueurs, opportunistes et ne cessent jamais d’apprendre tout au long de leur vie. Ça ne vous rappelle pas quelqu’un ?
De nombreux scientifiques étudient les corvidés, au même titre que les primates, pour comprendre le fonctionnement cérébral de l’humain. Selon les études menées, ces oiseaux auraient le niveau d’intelligence d’un humain de 5 ans.
Véronique a souligné le fait que dans l’antiquité, ces oiseaux étaient des symboles de ruse et de sagesse et les augures se servaient d’eux pour leurs présages : selon s’ils volaient à droite ou à gauche, cela été signe de bon ou de mauvais augure (d’où l’expression « oiseaux de mauvais augure »).
Ce n’est que bien plus tard que ces oiseaux ont acquis une mauvaise réputation, pour des raisons parfois bien futiles : leur couleur noir, souvent associée de manière irrationnelle au mal et aux sorcières dans la littérature, leur chant peu mélodieux, leur nécrophagie, etc.
Aujourd’hui, certains corvidés - PAS TOUS ! Encore faut-il savoir les distinguer - sont classés « espèces nuisibles ». Les raisons de ce rejet sont parfois contestables :nuisance sonore, détérioration de pelouses de terrains de foot, etc.
Selon les départements, le Corbeau freux, la Corneille noire et la Pie bavarde et le Geai des chênes peuvent être classés « nuisible » mais les autres corvidés – le Choucas des tours et le Grand corbeau par exemple – ne sont pas chassables.
Le classement en « nuisible » autorise « la destruction comme moyen de défense contre les dommages provoqués », selon l’ONCFS. Malgré une réglementation fixant les moyens à utiliser pour « détruire » une espèce, certains passent outre en utilisant différentes méthodes, dont certaines engendrant de la souffrance pour les oiseaux.
Outre le caractère non rationnel et non scientifique dans l’idée d’autoriser à exterminer une espèce parce qu’elle génère des nuisances pour l’homme, la disparition de ces espèces pourrait engendrer des nuisances bien plus gênantes pour l’Homme : prolifération de guêpes, moustiques, propagation de maladies provenant des cadavres de petits mammifères qui ne seront plus nettoyés naturellement par ces oiseaux qui s’en nourrissent, etc.
Véronique nous a donné quelques clés pour éviter les désagréments. Ne pas laisser de source de nourriture facile d’accès, poubelles ouvertes par exemple, à disposition près de chez nous. Les corneilles et pies nourrissant leurs petits d’oisillons de petits passereaux, laisser des haies suffisamment denses et hautes et des cavités pour accueillir les nichées de petits passereaux.
Les populations de corvidés sont aujourd’hui en fort déclin et cette situation pourrait s’avérer catastrophique pour l’équilibre naturel et donc pour l’Homme.
Cette conférence nous a prouvé que la peur ou le mépris des corvidés qu’il est possible d’avoir au premier abord se dissipe quand on fait l’effort de les découvrir.
La conférencière a abordé de multiples autres thèmes. Pour en savoir plus, nous vous invitons à vous rendre sur la page de LADeL : http://www.ladel.fr/
*LADel : Les Amis de Lazare, du nom du Corbeau freux recueilli par Véronique, est une association qui vient en aide aux corvidés blessés et qui milite pour leur protection et le changement de la vision négative qui pèse sur leur survie.
Véronique en pleine discussion avec Bernard Busnel, journaliste à La Provence.
Le public continue d'affluer et prend place. Au total, 80 personnes ont assisté à la conférence.