La Pie-grièche méridionale Lanius meridionalis est une espèce avec une aire de répartition restreinte et dont les populations sont en déclin. Dans les Bouches-du-Rhône, on la retrouve principalement dans les milieux de garrigues.
Une étude réalisée en 2013 a montré que la ZPS des garrigues de Lançon et chaînes alentour était susceptible d’accueillir les effectifs les plus importants du département. La présente étude a permis de réaliser un recensement approfondi de la distribution et des effectifs de Pies-grièches méridionales au sein de la ZPS, ainsi que de préciser les preferenda écologiques de l’espèce. Au total, 187 points d’observation et d’écoute ont été réalisés sur une surface couvrant près de 70% de la surface d’habitats favorables identifiés sur la zone d’étude. Trois méthodes d’estimation ont été mises en oeuvre : une extrapolation proportionnelle et une extrapolation considérant l’influence des variables environnementales, avec ou sans prise en compte de la détectabilité imparfaite de l’espèce. Les estimations obtenues à partir des deux premières méthodes, très proches, sont comprises entre 84 et 136 territoires ou couples. Nous avons de bonnes raisons de penser que les estimations à partir de la dernière méthode sont peu fiables, en raison de la présence d’un biais conduisant à une sousestimation de la probabilité de détection. Les résultats obtenus sont largement supérieurs aux estimations à dire d’experts et indiquent que la ZPS des garrigues de Lançon et chaînes alentour accueille des effectifs remarquables pour cette pie-grièche. Il s’agit certainement de la population la plus importante des Bouches-du-Rhône, dépassant celle de la ZPS de Crau, jusqu’alors considérée comme bastion de l’espèce en PACA. La conservation de cette population revêt donc un enjeu majeur pour l’espèce en Provence.
L’influence positive des incendies sur la présence de la Pie-grièche méridionale, en tant que facteur d’ouverture du milieu, a été mise en évidence dans le cadre de cette étude. A l’inverse, le pastoralisme et les travaux d’ouverture du milieu ne semblent pas suffire pour favoriser la présence de l’espèce. L’influence négative des activités anthropiques sur la présence de la Piegrièche méridionale souligne l’intérêt de maintenir de grandes surfaces d’habitats avorables pour la conservation de l’espèce.