La LPO s’alarme de la multiplication des cas d’empoisonnement dans l’Aveyron depuis janvier et demande l’intervention de l’État à l’égard de ces grands rapaces, espèces protégées et menacées.
Des produits phytosanitaires interdits en France depuis 2008 sont toujours utilisés, notamment en Aveyron. Impliqués dans la mort de plusieurs grands rapaces, des moyens déployés pour identifier le responsable ont été mis en œuvre.
La LPO dénonce le retour en force de pratiques d’un autre âge (l’empoisonnement des rapaces est interdit depuis un arrêté de 1972, qui a protégé tous les rapaces de France) et demande d’avantages de moyens pour le déroulement de l’enquête. La vérité pourra ainsi être établie et des sanctions pourront être prises face à ces nombreux cas d’empoisonnement persistant dans le temps.
Durzon, jeune gypaète réintroduit en 2017 figure parmi les oiseaux découverts morts dans les Grands Causses cette année
Le constat est alarmant : depuis janvier, on y a constaté la mort d'un Vautour moine, d’un Vautour fauve et d’un Gypaète barbu mâle baptisé Durzon. Il avait pris son envol début juin 2017 dans les Grands Causses, où il avait été réintroduit avec succès par le programme LIFE Gypconnect. Né en janvier 2017, il aura eu le temps de découvrir la France, la Belgique et l’Allemagne depuis les cieux (les gypaètes font une sorte de « voyage initiatique » au cours de leurs premières années de vie) avant de revenir et trouver la mort autour du 2 février dernier sur le Causse du Larzac, non loin de Millau.
Les analyses sont formelles, il a succombé à l’ingestion d’aliments contenant un produit de la famille des carbamates, jadis utilisé en agriculture et strictement interdit en France depuis 10 ans.
Ce triste constat pour la conservation de l’espèce (toujours en danger critique d’extinction en France malgré les efforts de protection en cours) s’ajoute à d’autres découvertes aussi sinistres, faites ces dernières années : un Vautour percnoptère en 2007, un Milan royal en 2011, un Aigle royal en 2012, un Vautour fauve et un Vautour moine en 2013.
En France, de nombreux poisons interdits restent aujourd’hui encore une menace
Arme discrète et simple d’usage, le poison agit aveuglément : disposé dans un appât comme une carcasse ou des boulettes de viande, il fait effet sur tous ceux qui le consomment, qu’ils s'agissent d'animaux sauvages ou domestiques ; oiseaux, mammifères et insectes sont concernés. Même les sols et nappes phréatiques ne sont pas à l’abri, on y retrouve régulièrement des doses au-dessus des normes pour des pesticides depuis longtemps interdits.
Ces carbamates font en effet parties des pesticides les plus toxiques pour l’être humain (classé « très dangereux » par l’Organisation Mondiale pour la Santé). Ils étaient pourtant utilisés en agriculture jusqu’à leur interdiction (dans la betterave par exemple), et en toute illégalité contre des animaux « indésirables » (renards, chats ou chiens de son voisin).
Leur usage n’est qu’un des exemples d’une pratique dont la LPO et ses partenaires s’indignent ; au même titre qu’acheter des pesticides illégaux dans des pays qui les fabriquent ou les commercialisent. Qu’il s’agisse de passer commande en ligne de pesticides ou de leur faire franchir la frontière, on expose la biodiversité à de graves déséquilibres.
Hors l’acquisition et l'utilisation de tels pesticides relève du délit. Nous demandons donc à l’État de s’assurer que les sites de vente en ligne dépendant du droit français cessent ces pratiques illégales.
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