Succès de la reproduction du Vautour percnoptère dans le Verdon
Un jeune Vautour percnoptère a pris son envol fin septembre dans les gorges du Verdon. Ce petit vautour migrateur, rare en Provence et mondialement menacé* est revenu nicher naturellement dans le Grand canyon, attiré par la colonie de Vautour fauve.
Le 20 septembre, une date bien tardive pour s’envoler de son nid et partir pour un long voyage migratoire au-delà du Sahara. Ses parents sont même partis avant lui, au moins une semaine avant, ils n’ont pas pu résister à l’appel de leur horloge biologique qui les incitait à partir. Qui sait s’il réussira ce voyage ? Son instinct lui donne une direction, le Sud. Mais il y à la Méditerranée à traverser. Il faudra la contourner par l’Espagne et Gibraltar pour rejoindre les confins de la Mauritanie et du Mali où les percnoptères d’Europe occidentale vont passer l’hiver. Trouvera-t-il cet endroit ? Rencontrera-t-il d’autres percnoptères pour le guider ? Rejoindra-t-il ses parents ? Reviendra-t-il nicher un jour dans les gorges du Verdon ? L’avenir nous le dira mais il faudra attendre quatre ou cinq ans avant qu’il soit adulte.
Malgré ces interrogations, cette première reproduction est particulièrement encourageante. Ce succès laisse espérer que ce couple revienne l’année prochaine et pourquoi ne pas rêver que d’autres couples viennent s’installer au cours de la prochaine décennie.
Un succès favorisé par la réintroduction du Vautour fauve
La présence de la colonie de Vautour fauve a joué un rôle attractif. Le même phénomène a pu être observé dans les Causses et les Baronnies où d’autres programmes de réintroduction ont été conduits. Dans les deux cas, cela a permis le retour progressif de plusieurs vautours percnoptères, puis l’installation de couples reproducteurs.
Le Vautour percnoptère ne nichait plus dans les Alpes-de-Haute-Provence depuis 15 ans. Il se reproduisait auparavant à Sisteron, à Digne et dans les Basses gorges du Verdon où il nicha pour la dernière fois en 1996.
Dès 2000, le percnoptère se rapproche de la colonie de Vautour fauve (91 individus réintroduits de 1999 à 2004). Comme eux, il est charognard et profite de leurs curées (repas en commun) pour picorer quelques morceaux. Puis, sa présence a été plus régulière, et de plus en plus d’individus sont venus, souvent de jeunes oiseaux jusqu'à ce qu’un premier couple se forme, fin mai 2005. Mais la formation d’un couple, son installation, sa reproduction sont des phénomènes fragiles et précaires, ces oiseaux sont de jeunes adultes inexpérimentés, ils colonisent un nouveau territoire. En 2007 et 2008, un même couple s’était cantonné et avait niché mais sans réussite.
En 2011 non plus, rien n’était gagné d’avance. Les deux adultes sont vus ensemble le 12 avril, soit avec déjà un mois de retard sur les dates normales d’arrivée. Régulièrement, ils s’accouplent, visitent des trous en falaise pour y installer leur nid. La ponte est constatée le 27 mai. Après une quarantaine de jours d’incubation, 2 poussins naissent début juillet. Malheureusement, un poussin meurt le 21 juillet. Le second sera nourri régulièrement pendant 80 jours et s’envolera 2 mois plus tard.
* Le Vautour percnoptère est un rapace très fragile. Malgré une légère extension en France, la population reste fragile. Il est classé « En danger » sur la liste rouge des espèces menacées en France – (Comité Français de l’UICN)