L'automne arrive demain et c'est la saison où le Hérisson d'Europe (Erinaceus europaeus) recherche un endroit où il passera son hibernation en toute tranquillité. Au jardin, nous pouvons agir pour accueillir ce mammifère en préservant son habitat. Pour cela, quelques aménagements simples et une gestion écologique du milieu lui fourniront le gîte et le couvert.
Stop aux pesticides !
Pour éviter d’empoisonner le hérisson, il est nécessaire de préserver les proies composant son régime alimentaire : limaces, escargots, invertébrés, et même quelques charognes.
Quelques règles à respecter pour le bien-être du hérisson...
Eviter impérativement toute utilisation de produits chimiques au jardin, notamment ceux contenant des métaldéhydes. Bannir les granulés anti-limaces (molluscicides), anti-fourmis, insecticides, raticides et également toutes formes d’herbicides et d’engrais chimiques !
Un jardin accueillant pour le Hérisson est un jardin biologique. Utilisez donc plutôt des produits naturels comme la cendre (anti-limaces), ou le marc de café (engrais, répulsif à pucerons), un brûleur à gaz ou de l’eau de cuisson de pomme-de-terre pour désherber. Du guano, de la corne séchée ou du purin d’orties feront très bien office d’engrais.
Dangers et pièges au jardin
Plusieurs éléments ou objets peuvent constituer des pièges pour la petite faune sauvage et il convient d’en débarrasser votre jardin : filets de cultures ou à légumes, cerclages en plastique de canettes, bouts de grillage, boîtes de conserve, verre brisé et tout autre objet dans lequel le hérisson pourrait se coincer et se blesser.
Attention aux mares, bassins et piscines ! Les bords lisses et abrupts des points d’eau constituent de véritables pièges. Pour éviter une noyade imprévue, il suffit d’installer une planche rugueuse au bord du point d’eau ou même un grillage à demi immergé pour qu’il puisse grimper et sortir.
Préservez vos tas de feuilles et de branches !
Ne pas brûler les tas de feuilles et de branches, en particulier d’octobre à avril, ils pourraient abriter un hérisson en train d’hiberner. Privilégier le compostage qui sera plus utile à votre jardin (ou l’apport en déchetterie). Attention si vous utilisez une fourche, ou même un engin mécanique, de ne pas déranger, embrocher ou blesser un hérisson en léthargie sous un tas de végétaux. Les tondeuses et débroussailleuses doivent être utilisées avec une grande précaution près des haies car elles causent chaque année de nombreuses blessures. Cela est d’autant plus vrai lors des premières tontes de printemps quand l’herbe est assez haute et dense.
Ainsi, avant de nettoyer ou de déplacer les végétaux, il est donc important de vérifier l’absence d’individu.
Créer des passages et maintenir les zones de circulation
Comme tous mammifères sauvages, le Hérisson d’Europe parcourt son territoire la nuit sur plusieurs kilomètres pour se nourrir et chercher un partenaire (durant la saison de reproduction). Cela signifie qu’il utilise des zones de passage et les éléments linéaires du paysage (haies, bas de mur,…) appelés corridors écologiques, dans sa randonnée nocturne. Il est donc important de ne pas entraver sa libre circulation par des barrières et autres grillages.
Il est donc conseillé de maintenir des bandes enherbées le long des haies, des murs, des palissades, autour des cabanes de jardin et des arbres sur 1 m de large, de créer des passages entre les jardins de 15x15 cm, au ras du sol, en retournant les grillages et/ou en insérant un passage spécial hérisson (type passage à microfaune métallique hérisson) et de privilégier l’utilisation de grillage à grandes mailles, plus perméable à la faune sauvage.
Petits biotopes du jardin favorables au hérisson
Plus largement, différents éléments paysagers du jardin peuvent être mis en place pour favoriser l’accueil du hérisson, en lui procurant un gîte et/ou de la nourriture, éléments essentiels à sa venue.
- Planter des haies champêtres, elles fournissent abri et matière première pour confectionner le nid ;
- Privilégier une végétation diversifiée : gazon, pissenlits, mousses, fleurs, plantes diverses, buissons, haies, arbustes, arbres... Elle peut à la fois fournir un abri et elle favorise le développement d’insectes, ressource alimentaire principale du Hérisson ;
- Cultiver un potager, le hérisson en est un auxiliaire indispensable pour éliminer les invertébrés indésirables ;
- Stocker un tas de bois contre un mur, avec un espace dessous pour installer un nid ;
- Faire un tas de compost, il constituera une source de chaleur et de nourriture abondante pour les jeunes ;
- Installer une cabane de jardin, le hérisson pourra se glisser dessous. Elle procurera un abri étanche idéal pour mettre les petits au monde ;
- Aménager une rocaille avec des espaces creux, pour farfouiller, chasser et se cacher ;
- Laisser les vieilles souches d’arbres creux, elles sont riches en insectes ;
- Procurer au hérisson des endroits abrités de la pluie et du vent, comme des dessous d’escaliers.
Réaliser un tas de bûches pour créer un gîte à hérisson
Un gîte à hérisson est facile à réaliser, il suffit d’empiler des bûches selon un schéma précis. Vous aurez simplement besoin d’une scie à bûches pour réaliser la chambre intérieure. Les plans sont accessibles dans le guide "Aider et accueillir le Hérisson d'Europe" en téléchargement ci-dessous.
Conseils issus du guide en téléchargement : Aider et accueillir le Hérisson d'Europe
Retrouvez également un tuto sur Sikana TV : https://www.youtube.com/watch?v=fExXu4pvHRs et sur le site Internet de la LPO Drôme http://www.lpo-drome.fr/boite-a-outils/abris-a-herisson/
Le hérisson, un animal sauvage protégé par la loi
Le hérisson est un animal intégralement protégé en France au titre de l’article L411-1 du code de l’environnement. C’est l’arrêté du 23 avril 2007, fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection, qui classe le Hérisson d’Europe et le Hérisson d’Afrique du nord comme espèces protégées.
Il est donc interdit de détruire, capturer, mutiler, enlever ou perturber les hérissons dans leur milieu naturel. Leur détention, transport, naturalisation, commerce (vente ou achat) et utilisation sont strictement interdits. De plus, en tant qu’espèces bénéficiant d’une protection juridique intégrale, leurs sites de reproduction et aires de repos ne peuvent être ni détruits, ni dégradés. L’article L411-2 4° prévoit la possibilité de dérogation à ces interdictions mais de manière encadrée. Cette réglementation s’applique aux spécimens vivants et morts ainsi que sur les parties des espèces protégées. Il est donc interdit, entre autres, de garder le crâne ou le squelette d’un animal protégé trouvé dans la nature. Toute atteinte aux individus ou à leur site de reproduction est passible d’emprisonnement et d’une forte amende.
Conserver chez soi un hérisson blessé le temps de le soigner est une infraction, puisque cela revient à détenir un animal protégé. Il faut donc l’emmener au plus vite dans un centre de sauvegarde habilité. Cela augmentera d’autant ses chances de survie.
Le Hérisson n’est pas un animal de compagnie
Le Hérisson est un animal très apprécié, que l’on côtoie couramment dans un jardin. C’est pourquoi il est très facile d’adopter de mauvaises pratiques (nourrissage et ramassage d’individus), même avec de bonnes intentions. Ces mauvais réflexes peuvent, sur le long terme, imprégner voire domestiquer l’animal qui ne sera alors plus en capacité d’avoir un comportement social conforme à celui de son espèce. Le hérisson étant un animal sauvage intégralement protégé par la loi, il est donc formellement interdit de le garder captif comme animal de compagnie.