Alors que le petit jour se lève sur le canal du Roubaud, quelques nappes de brouillard glissent sur l’eau laissant entrevoir des oiseaux noirs qui se déplacent en hochant la tête et la queue. Occupées à brouter l’herbe des talus, les « Poules d’eau » s’écartent discrètement aux passages des joggeurs ou des vététistes sans néanmoins abandonner leurs pitances. Oiseau cosmopolite, la Gallinule poule-d’eau est aussi une espèce peu farouche dès qu’elle côtoie les parcs urbains pourvus de petits cours d’eau ou de petits étangs.
Qui est-elle ?
Elle n’est sans doute pas le plus coloré des oiseaux. Son plumage d’apparence sombre et bien plus subtile qui n’y paraît. Le dessus est brunâtre, la poitrine et les flancs d’un noir grisâtre, ces deux parties sont séparées d’une ligne blanche sur les flancs. Sa queue assez longue noir et blanche est souvent hochée lors de ses déplacements. La tête est sombre avec une plaque frontale et un bec rouge sang, le bout de ce dernier est délicatement coloré de jaune citron. Ses pattes vertes sont étonnantes, notamment ses doigts démesurément longs, lui permettant une stabilité parfaite sur des terrains mouvants et instables.
La Gallinule poule-d’eau est une espèce polytypique, c'est-à-dire qu’elle est présente sur de nombreux continents avec de nombreuses variations géographiques. Elle est tout de même, dans le monde, implantée sur 5 des 6 zones zoogéographiques majeures avec 12 sous-espèces. Elle est seulement absente de l’Australie.
C’est une espèce des zones humides qui affectionne une large gamme d’habitats en évitant seulement les eaux fortement salées et les eaux froides d’altitude, souvent prisent par le gel. Sa répartition géographique est donc corrélée à la salinité et à l’altitude puisqu’elle devient rare à proximité immédiate de la mer ou au-dessus de 1000 mètres. Son habitat est principalement constitué de cours d’eau lents à stagnants pourvus de végétation rivulaire dense. C’est ainsi qu’on la retrouve dans les marais, les canaux, les queues d’étang. Les Poules d’eau tolèrent parfaitement la proximité de l’homme, quand elle n’est pas chassée, si bien qu’on la retrouve régulièrement sur les plans d’eau urbains des parcs, des jardins où il lui apporte quelques miettes de pain. Son régime alimentaire omnivore est principalement constitué de plantes aquatiques, de graines, de fruits, de mollusques, de vers, d’insectes, d’amphibiens ou de petits alevins.
Sa large répartition Européenne, fait que les individus nordiques sont migrateurs et passent l’hiver en dessous de l’isotherme 0°c. La France et le bassin méditerranéen reçoivent donc en hiver les populations septentrionales en provenance du Sud de la Scandinavie, des pays baltes ou des pays de l’Est. La migration débute dès la fin du mois d’août pour se poursuivre jusqu’en octobre. Quant au retour vers leurs sites de reproduction, il n’a lieu qu’à partir de mars. Plutôt sociable durant la mauvaise saison, la Gallinule devient vite intolérante et territoriale à la saison des amours, repoussant tout intrus pénétrant dans son territoire. Les Grèbes, les foulques et les oiseaux aquatiques font également les frais de cette mauvaise humeur saisonnière ! Le couple construit son nid, tantôt caché dans la végétation palustre, tantôt flottant accroché à une branche surplombant l’eau. Le nid est fait de tiges de roseaux entrelacées au centre desquelles, quelques plantes aquatiques sont disposées. Sept œufs en moyenne sont couvés pendant trois semaines. Les poussins entièrement noirs, restent environ 48h au nid avant de suivre les parents à la recherche de leur première nourriture. Il leur faudra 9 semaines pour être totalement autonomes. Particulièrement prolifiques, les adultes pourront entamer une seconde voir une troisième nichée jusqu’en juillet.
Avec ses 900 0000 à 1 700 000 couples nicheurs en Europe, la Gallinule poule-d’eau reste une espèce très commune sur laquelle quelques menaces pèsent telles que les aménagements trop musclés des cours d’eau, le drainage, le comblement des zones humides et la chasse qui prélève chaque année 76 000 oiseaux.
Pour la voir...
Les salins d’Hyères abritent de petites populations de Gallinule poule-d’eau souvent situées sur les parties en eau douce de certains canaux de ceinture. C’est une espèce cependant bien présente sur tous les cours d’eau et lônes hyérois (anciens bras du Gapeau).