La roselière semble totalement calme mais des sifflements longs et mélancoliques trahissent la présence d’un petit passereau, venu se reposer quelques heures dans la végétation palustre. Agrippés aux extrémités des tiges des roseaux, plusieurs oiseaux se balancent, inspectent et décortiquent les toupets de graines. Avec son masque noir à la Zorro, la Rémiz penduline après avoir passé une partie de l’hiver dans le sud de l’Europe, regagne actuellement ses zones de reproduction orientale.
Qui est-elle ?
Appartenant au groupe des mésanges, la Rémiz penduline est de petite taille, avec un bec gris bleuté pointu et acéré. Le mâle en plumage nuptial a la tête d’un gris pâle, ornée de bandeaux comme une paire de lunettes noires. Son dos est brun roux. Les ailes sont beiges ornées de roux et présentent une barre alaire claire alors que le bout des ailes a une bordure blanchâtre. La distinction entre mâle et femelle se fait au niveau de l’intensité des couleurs et de la taille du masque. Les jeunes quant à eux ont une tête beige totalement uniforme.
Contrairement à ses cousines mésanges, elle ne se mélange guère à d’autres espèces mais elle reste très grégaire, si bien qu’on la rencontre souvent en petits groupes lâches.
Son régime alimentaire est principalement insectivore, composé d’invertébrés comme les chenilles ou les araignées. En hiver, des graines de typha ou de roseau viennent compléter son alimentation.
Son aire de répartition est large et s’étend des régions méridionales du Paléarctique occidental à la Chine, avec divers sous-espèces s’échelonnant d’Ouest en Est. Les oiseaux présents dans le sud de la France proviennent des populations d’Europe centrale et orientale.
L’habitat de la Rémiz Penduline est constitué de dépressions humides à végétation luxuriante. Le voisinage des cours d'eau est primordial, si bien qu’on la voit s'installer de préférence au bord des ripisylves le long des fleuves, des deltas, des étangs, des sablières, des canaux ou des marais. Dans l’hexagone, c’est un nicheur qui a désormais disparu de l’avifaune nicheuse, avec pour causes principales, la dégradation et la disparition des zones humides et des forêts rivulaires.
La vie amoureuse des rémiz est assez ouverte, puisque polygynie et polyandrie y prennent une place importante. Les mâles sont par contre très fidèles à leur territoire de nidification qu’il réoccupe d’année en année. Un nid est construit sur un arbre surplombant l’eau, en avril uniquement par le mâle. En forme de poche suspendue, percée d’un trou en son sommet, ce nid est une véritable merveille, tissée de fibres végétales mais aussi de crins, de poils, de laine de mouton, le tout consolidé par des toiles d’araignées et de nombreuses graines duveteuses. L’élasticité et la résistance de ce nid sont étonnantes, si bien que dans certaines régions d’Europe centrale, les nids sont utilisés pour faire des pantoufles d’enfant !
Si le nid convient à une femelle, celle-ci terminera de façonner l’intérieur. Dans le cas contraire, le mâle se verra dans l’obligation d’en construire un second, voir même un troisième jusqu’à ce qu’une belle soit séduite. 5 à 8 œufs sont couvés durant une quinzaine de jours et les petites Rémiz prendront leur envol au bout d’une vingtaine de jours. C’est en juillet que les premiers départs ont lieu, même si le pic migratoire a lieu sous nos latitudes entre fin septembre mi-octobre.
Pour le voir...
La Rémiz penduline est un passereau discret qui s’observe en mars sur les salins d’Hyères. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 12 mars à 08h45 aux Vieux salins. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.