Malgré la douceur de ses derniers jours d’octobre, on peut assister, si on y prête une attention particulière, à une migration totalement incroyable. Loin des vols majestueux ou bruyants des oiseaux, certains papillons de jours opèrent depuis quelques semaines une migration discrète vers le sud. Alors que certains ont disparu avec le temps et les premières baissent de température, d’autres vont parcourir des centaines de kilomètres pour rejoindre l’Afrique du Nord survolant les montagnes et traversant les mers. C’est le cas du Vulcain, papillon très commun de nos régions, qui effectue dans la plus grande discrétion, sa migration d’automne.
Qui est-il ?
Le Vulcain est un papillon d’une soixantaine de millimètres d’envergure. Le dessus des ailes est noir velouté avec des bandes orangé-rouge longitudinales aux antérieures et une bordure de même couleur aux postérieures. Les pointes des ailes sont ornées de taches blanches et bordées de fines lignes bleues. C’est un papillon difficile à confondre qui fréquente notamment les zones urbanisées et rurales. Il est observé jusqu'à 2 200 m d'altitude.
Le Vulcain est un méditerranéen qui remonte chaque année vers le nord de l’Europe dès le mois d’avril. Son apparition coïncide souvent avec les émergences et les sorties d’hivernation de bon nombre d’autres espèces, si bien qu’on pourrait penser qu’il ne quitte jamais les régions nordiques. Alors que les oiseaux effectuent une migration aller-retour sur plusieurs années, le cycle de ce papillon est quant à lui différent puisque la durée de vie d’un adulte ne lui permet pas cette performance. En effet, un individu fait l’aller alors que sa descendance fera le retour. Dans cette remontée vers le nord, le Vulcain va réaliser sa reproduction, puis les papillons issus de cette première génération vont poursuivre plus au nord ou rester sur place.
La femelle de Vulcain dépose ses œufs sur le revers des feuilles d'orties et de pariétaires. Les jeunes chenilles construisent un abri avec les feuilles de la plante hôte réunies par de la soie. Dès que la nourriture manque à proximité, la chenille se déplace pour construire un nouvel abri dans un endroit plus favorable. La transformation en chrysalide a lieu au bout d’un mois et l’éclosion du papillon n’interviendra que 2 à 3 semaines après.
Une seconde génération voit le jour juste avant les premiers frimas de l’automne. Ce sont ces papillons qui vont alors entamer une longue migration, qui va les emmener vers des zones géographiques plus accueillantes. Voyageant en groupe, ils suivent une direction fixe et ne contournent jamais un obstacle qui se dresse devant eux, si bien qu’ils préfèrent par exemple survoler les montagnes en passant par des cols que d’effectuer un long détour.
Ils réalisent ces prouesses sans même se nourrir, utilisant les réserves de graisse qu’ils ont accumulées avant leur départ. Alors que le Vulcain s'alimente au printemps sur les chatons de saules et les fleurs de pruneliers, à l’automne il est particulièrement attiré par les fruits trop mûrs tombés au sol, riches en sucres.
Les changements climatiques opérés ces dernières années ont quelque peu bouleversé cette migration en permettant à de nombreux vulcains de subsister durant l’hiver notamment en Allemagne ou en Grande-Bretagne.
Pour le voir
Le Vulcain est une espèce commune que l’on rencontre assez facilement dans le Var mais également un peu partout en France. On trouve ce papillon sur l’ensemble de l'Eurasie tempérée, en Afrique du Nord mais aussi en Amérique du Nord. Le meilleur moyen pour vous de le rencontrer, est de disposer d’un jardin fleuri ou de mettre à sa disposition des vieux fruits gâtés qui vous permettront à coup sûr d’attirer ce splendide migrateur parmi nos papillons !