Marouette poussin © Aurélien AudevardAprès la torpeur de l’hiver, l’effervescence gagne enfin les canaux du Roubaud. Calé sur ses deux pattes arrières et caché dans les roseaux, le Campagnol amphibie grignote quelques pousses de joncs fraîchement sorties, la Cistude quant à elle, prend ses premiers bains de soleil alors que la Gallinule poule d’eau s’affaire déjà à construire son nid avec quelques tiges sèches. Les migrateurs quant à eux arrivent encore aux comptes gouttes.

Il en est un que les ornithologues attendent avec impatience. Minuscule et discrète, la Marouette poussin entame son passage migratoire en ce mois de mars, vers les zones marécageuses de l’Est de l’Europe. Nous sommes loin de nous imaginer que cet oiseau frêle vient de réaliser une véritable épreuve de force, en traversant le Sahara et la Méditerranée, pour prendre un repos bien mérité sur les zones humides hyéroises.

 

Qui est-elle ?

Avec ses dix-huit centimètres et sa cinquantaine de grammes, la Marouette poussin porte bien son nom. Mâle et femelle, présentent un plumage différent mais, ont quelques points communs comme leurs longues ailes, des ponctuations blanches sur les flancs et le dessous de la queue et un bec court, vert jaunâtre à base rouge. Le mâle est d’une couleur brune ponctuée de sombre sur le dessus. Sa tête est bicolore, brune sur la calotte et gris ardoisé sur les joues. Cette couleur se poursuit sur la poitrine et le dessous du corps. Son œil est d’un rouge éclatant. La femelle quant à elle est plus terne avec une poitrine chamoisée. Les Marouettes sont des rallidés peu faciles à observer de par leurs petites tailles, leurs mœurs crépusculaires et les milieux qu’elles fréquentent, si bien que leur passage migratoire n’est décelable qu’avec beaucoup de patience et de persévérance.

 

Ces quelques jours de halte migratoire, vont donc permettre à notre Marouette poussin de se refaire une santé. Pour cela son alimentation sera constituée de mouches, de larves aquatiques de diptères (chironomes et moustiques), d’hémiptères et de névroptères. Il lui arrive aussi de consommer des graines de plantes aquatiques.

 

Après cette étape importante, la migration va rependre pour rejoindre les zones humides des pays de l’est, bastion de l’espèce, ou certaines zones méridionales et reculées de Scandinavie. Cette marouette recherche les marais, les tourbières, les lacs et étangs, les bordures de rivières avec une végétation palustre dense et riche en massettes, phragmites, laîches, ou scirpes. La végétation flottante est nécessaire à sa présence notamment dans les pièces d’eau où la profondeur est assez conséquente.

 

Les mâles arrivent sur ces territoires bien avant les femelles et entament leur chant nocturne pour séduire leur future promise. La relation ne durera que le temps d’un été durant lequel ils pourront produire deux nichées. Le nid est établi dans la végétation dense, toujours à proximité de l’eau. Il est constitué de végétation aquatique amoncelée et formant un petit monticule émergeant. Une douzaine d’œufs sont couvés par la femelle durant 22 jours. Les poussins naissent de façon asynchrone, si bien que les premiers éclos attendent les retardataires avant de suivre les parents, qui vont les nourrir durant les premiers jours de vie. L’envol des jeunes n’interviendra que vers un mois et demi.

 

La Marouette poussin quittera ses zones de reproduction pour rejoindre les zones humides du Maghreb, d’Afrique tropicale (du Sénégal au Kenya), de la péninsule Arabique et du continent indien.

 

En France, la Marouette poussin est une espèce nicheuse très rare et localisée, contactée au chant chaque année en Lorraine, en Alsace ou en Franche comté. On peut penser que les drainages et les comblements des prairies humides et des marais, les curages intensifs des canaux riches en végétation aquatique ont largement contribué à sa régression, provoquant l’extinction des derniers nicheurs mais aussi l’appauvrissement en zones de haltes migratoires si importantes pour sa survie.

 

Pour le voir...

La Marouette poussin est une migratrice régulière, que l’on rencontre annuellement en mars et avril sur la commune d’Hyères, notamment le long des canaux du Roubaud et sur les parties d’eau douce des salins. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour les observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 18 mars à 08h45 aux Salins des Pesquiers. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.

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