Quelques cris plaintifs, attirent notre attention sur des petits bouchons gris qui flottent au loin sur l’eau lisse de l’étang. Au passage d’un Goéland leucophée un peu trop curieux, les petites boules grises disparaissent aussitôt dans un feu d’artifice d’éclaboussures. Sitôt le danger passé, les frêles Grèbes à cou noir réapparaissent et reprennent leur vie paisible de pêcheur.
Qui est-il ?
Le Grèbe à cou noir montre une taille intermédiaire entre le Grèbe huppé et le Grèbe castagneux avec sa trentaine de centimètres et ses 300 grammes. C’est un oiseau au corps arrondi, trapu, et apparaissant comme tronqué en raison de sa petite queue. Il possède un petit bec noir, fin et pointu, nettement retroussé. Son œil rouge sang intriguant et son front nettement abrupt lui confère un profil particulier et très reconnaissable. Ce petit grèbe arbore deux plumages très distincts en fonction des saisons. Un plumage nuptial reconnaissable à sa couleur noire brillant, ses flancs roussâtres et ses longues plumes dorées à l’arrière de l’œil se déployant en éventail. Alors qu’en hiver, son plumage est plus terne, les flancs blancs et gris foncé, la tête noire avec les joues grisées, une gorge et les côtés de la nuque blancs ou le bec grisâtre.
Le Grèbe à cou noir est une espèce des étangs intérieurs ou littoraux riches en ressources piscicoles et possédant à la fois des surfaces dégagées mais aussi de la végétation rivulaire et aquatique abondante. Il fréquente également les lagunes côtières ou les estuaires en hiver. En période de reproduction, il affectionne les plans d'eau douce de taille moyenne, les bassins de décantation et argilières laissés à l'abandon où il niche parmi les colonies de Mouettes rieuses ou de Guifettes moustacs qui lui assurent une protection de choix. Ce grèbe très sociable à la particularité de nicher en colonie, parfois d’une centaine de couples. C’est en mars après de multiples parades que le couple commence la construction d’un petit radeau flottant, avec des débris végétaux aquatiques. Le nid est disposé au ras de l’eau dans la végétation semi-aquatique. Vers la fin avril, 4 œufs sont déposés dans le nid et couvés durant un peu plus de 3 semaines. Alors qu’ils viennent d’éclore, les poussins en duvet profitent du dos de leur mère pour découvrir leur habitat et profiter des petits poissons apportés par leur père. Même s’ils sont capables de nager seuls dans les premiers jours de leur vie, le dos maternel reste un endroit privilégié pour se réchauffer et voyager à moindre effort. C’est vers l’âge de 5 semaines qu’ils seront totalement indépendants.
Comme son cousin, le Grèbe castagneux, il n’est pas exclusivement piscivore, il se nourrit aussi d’insectes et de leurs larves, de petits amphibiens, de mollusques ou de crustacés.
Le Grèbe à cou noir occupe une distribution mondiale peu étendue, notamment en Amérique du Nord, Eurasie et Afrique de l’Est et australe ; avec tout de même des bastions importants dans les pays de l’est de l’Europe. La population française est estimée à 1 200 à 2 000 couples et montre une augmentation modérée de ses effectifs, localisés principalement dans le Forez, la Brenne, les Dombes ou la Sologne. Sensible au gel des eaux dans lesquelles il se nourrit, les populations les plus nordiques et orientales entreprennent de longues migrations à l’automne vers la France pour gagner le littoral manche atlantique, et la méditerranée. L’Étang de Berre dans les Bouches-du-Rhône peut accueillir certaines années jusqu’à 7 500 oiseaux ce qui lui a valu d’être considéré comme un site majeur en Europe occidentale !
Pour le voir…
Le Grèbe à cou noir est un hivernant et un migrateur commun sur les salins d’Hyères avec des effectifs oscillant entre 50 et 350 individus chaque année. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux. La prochaine sortie est prévue le 14 février à 09h00 aux Salins des Pesquiers. Pour réserver votre place, contactez le 04 94 01 09 77.