C’est en mars, qu’un petit papillon discret refait son apparition. Encore engourdi par le froid matinal, il attend les premiers rayons du soleil pour s'envoler. Visiblement fraîchement éclos, les ailes intactes laissent entrevoir de magnifiques dessins, entrelacés de formes géométriques et de lignes rouges et noires. Chaque entomologiste en a rêvé un jour, en feuilletant un livre sur les papillons, de rencontrer la magnifique Diane.
Qui est-elle ?
La Diane est un lépidoptère européen d’une envergure avoisinant les 5 centimètres. Les ailes sont couvertes de dessins en carreaux, des taches blanc jaunâtre alternant avec des traits noirs plus ou moins anguleux. Les ailes postérieures sont agrémentées de taches rouges et de lunules bleues. Les dessins sont semblables chez les deux sexes. Les motifs se retrouvent également sur le dessous des ailes, agrémentés d'un peu de rouge, avec une couleur générale beaucoup plus fade. La tête est rouge, pourvue de deux gros yeux noirs.
La Diane n’apparait qu’une seule fois par an, vers la fin du mois de mars, mais certains individus peuvent être aperçus jusqu’en juin, notamment en altitude, où les émergences se font plus tardivement. Après quelques jours de vol et l’accouplement, la femelle va se mettre en quête de sa plante hôte. Les Aristoloches notamment à feuilles rondes sont les seules plantes qui vont recevoir les œufs de notre papillon. Paradoxalement, ces plantes sont toxiques, puisqu’elles contiennent de l’acide aristolochique, un cancérigène puissant, pouvant également entraîner de nombreuses complications physiologiques en cas d’ingestion. Cette stratégie « de la plante toxique » est souvent utilisée par de nombreuses espèces de papillons pour se protéger des prédateurs, aussi bien au stade larvaire qu’adulte. Les œufs sont déposés en amas sur les feuilles, les tiges ou les fleurs. Après l’éclosion, les chenilles vont passer plusieurs semaines sur la plante hôte puis vont entamer leur nymphose dans une touffe d’herbes denses à proximité. Cette transformation laisse apparaître la chrysalide accrochée à une tige par le biais d’une ceinture et d’un coussinet de soie en chacune de ses extrémités. Parfaitement mimétique, elle laissera place au printemps suivant à l’émergence au magnifique imago que l’on connaît. Il butinera de nombreuses fleurs jaunes, pourpres ou bleues avant de trouver un nouveau partenaire pour réaliser son cycle de reproduction.
La Diane vit sur le pourtour méditerranéen de l’Aude aux Alpes-Maritimes. L'Aveyron constitue sa limite nord-ouest de répartition. Elle peut être abondante dans les plaines du littoral. Elle se rencontre sur les prairies mésophiles en bord de rivière ou de lac, les clairières, les lits de rivières, les garrigues, les landes sèches jusqu’à 1600 mètres d’altitude avec évidemment la présence de sa plante hôte à proximité. Ailleurs en Europe, sa zone de répartition s’étend jusque dans le sud-est de l'Europe (Italie, Autriche et Hongrie) et vers l’Oural.
Papillon patrimonial, en raison de sa rareté, la Diane est protégée au niveau européen. Elle figure sur la liste à l’annexe II de la Convention de Berne, ainsi qu’à l’annexe 4 IV de la Directive européenne «Habitats». Ces sites de reproduction sont souvent menacés par la dégradation des zones humides, l’arrachage des haies, le girobroyage répétitif des friches. Les papillons adultes sont aussi très recherchés par certains collectionneurs peu scrupuleux.
Pour la voir…
La Diane est un papillon à la répartition très localisée sur la commune d’Hyères mais aussi sur toute la frange littorale du département du Var. Pour l’observer, vous pouvez parcourir les dernières prairies naturelles où sa plante hôte pousse discrètement, elle n’en est jamais très loin !