Vendredi dernier, un jeune Aigle royal a été relâché à Saint-Etienne-les-Orgues, une commune des Alpes-de-Haute-Provence. Sa remise en liberté s’est passée au sommet de la montagne de Lure, sous le regard des pompiers du village ayant procédé à son sauvetage le 10 août dernier.
Après avoir passé plus de 48h au sol dans un champ en bordure de route, cet Aigle royal immature est arrivé au Centre de sauvegarde dans un état d’affaiblissement particulièrement important. Il était blessé à l’épaule droite, anémié et extrêmement maigre, puisqu’il pesait moins de 2kg quand un individu de son âge en pèse en moyenne le double. A la suite d’un mois de soins intensifs en intérieur, lui ayant permis d’atteindre les 4kg, il fut introduit dans une première volière à la mi-septembre. Au début du mois d’octobre, il a pu rejoindre la plus grande volière du Centre de sauvegarde, d’une longueur de 64 mètres, pour perfectionner sa technique de vol, se muscler en profondeur, et ainsi pouvoir retrouver sa liberté prochainement.
Qui est l’Aigle royal ?
Ce rapace diurne, caractérisé par un bec crochu, une excellente vision et des serres acérées, chasse par surprise des proies, allant de petits rongeurs jusqu’aux jeunes ongulés, en passant par une multitude d’espèces d’oiseaux. Chasseur hors pair dans tous les milieux ouverts à semi-ouverts, il peut aussi devenir charognard quand la nourriture vient à manquer. Avec une envergure variant de 1,80m à 2,30m, l’Aigle royal s’inscrit parmi les plus grands oiseaux européens. Cette espèce montre un dimorphisme sexuel très marqué en faveur des femelles puisqu’elles sont en moyenne 40 à 50% plus lourdes. Les Aigles royaux sont monogames et très territoriaux ; les couples effectuent des vols caractéristiques pour délimiter leur territoire, s’étendant sur environ 4km, mais seuls les alentours du nid sont ardemment défendus. Les nids, composés de branchages, sont alimentés par les parents au fil du temps et peuvent atteindre jusqu’à 2,50m d’épaisseur et 2m de diamètre.
Au printemps, les femelles pondent deux à trois œufs, mais seulement un oisillon parvient au stade de l’envol. En milieu naturel, la longévité des Aigles royaux est d’une trentaine d’années cependant, seul un quart des jeunes atteint la maturité sexuelle. L’Aigle royal est présent dans tout le massif alpin et le département des Alpes-de-Haute-Provence accueille, d’après les dernières estimations, 69 couples sur les 400 recensés au niveau national. En France, comme en PACA, cette espèce uniquement montagnarde est classée vulnérable sur la Liste Rouge de l’IUCN.
Quelles menaces planent sur cette espèce ?
Après deux siècles de chasse intensive partout en Europe, les populations d’Aigles royaux se sont effondrées dès le milieu des années 50. Protégés par la loi du 17 avril 1981, la menace contemporaine la plus importante sur cet oiseau est le dérangement en lien avec l’anthropisation de son milieu de vie. En effet, en zone montagnarde, où des aires autrefois inaccessibles sont désormais facilement praticables, les sites de nidification se font de plus en plus rares. La fermeture du paysage ces dernières décennies, causée par le déclin du pastoralisme et par l’avancée des milieux forestiers, a par ailleurs limité l’accès aux ressources alimentaires. Les lignes aériennes et électriques, ainsi que les équipements des domaines skiables, sont quant à eux à la base de nombreux accidents. Charognard, il peut également être victime d’empoisonnement, notamment en lien avec le braconnage des grands prédateurs présents dans son milieu de vie. Fort heureusement, grâce à son statut de protection, on assiste aujourd’hui à une augmentation des populations et une expansion de son aire de répartition au-delà des zones montagneuses.
Après son séjour au Centre de sauvegarde, nous espérons de tout cœur que cet oiseau majestueux survolera encore longtemps la montagne de Lure. Nous remercions tout particulièrement les pompiers qui sont intervenus pour lui venir en aide et notre bénévole Sylvie qui a acheminé le grand rapace jusqu'à nous très rapidement, augmentant ainsi considérablement ses chances de survie.
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