Le Domaine de Marie est en route pour la labellisation Refuge LPO. Inventaire naturaliste ce matin sur ce très beau Domaine situé sur la commune de Ménerbes.
De nombreux oiseaux ont été contactés avec vingt-sept espèces différentes recensées. Les Alouettes lulu s’en donnaient à cœur joie au sein des vignes. Le Pic épeiche est bien présent sur le site comme son cousin le Pic vert. Une foultitude de Serins cini ont été observés sur le secteur tantôt au sol, tantôt perchés sur les arbres. Un Merle noir chantait au loin son air joyeux et fluté. De nombreuses Mésanges sont présentes sur le site, noires, charbonnières, bleues. La Huppe fasciée a été contactée grâce à son « poupoupou » légendaire et si caractéristique. Le Bruant zizi mâle est venu faire quelques vocalises se donnant en spectacle avec son magnifique masque facial jaune rayé de noir.
Le Coucou gris est de retour d’Afrique, un oiseau aux mœurs particulières qui parasite d’autres espèces d’oiseaux pour y pondre son œuf. Chaque Coucou gris est programmé pour parasiter une espèce d’oiseau en particulier, reproduisant à la perfection la couleur de la coquille des œufs de l’espèce parasitée.
De très nombreux Etourneaux sansonnet sont présents sur le site, ces oiseaux qui se rassemblent en hiver en de grandes nuées caractéristiques, se dispersent au printemps pour nicher, et le Domaine de Marie semble bien leur convenir.
Présence d’Hirondelles rustiques, autrefois appelées Hirondelles de cheminée. Une espèce d’oiseau qui, malheureusement comme beaucoup d’autres, ont des effectifs de populations en constante baisse et ce depuis de nombreuses décennies. En cause les insecticides, (en effet les Hirondelles sont strictement insectivores), et la destruction de leurs habitats à savoir l’intérieur d’étables ou au sein d’anciennes granges, qui sont de nos jours bien souvent fermées et condamnées.
Le Domaine de Marie souhaite mettre en place un bassin pour retenir l’eau de pluie. Ceci est une excellente idée, puisque l’eau représente la vie et entraine ainsi tout un cortège de biodiversité très riche. Par rapport à la problématique des moustiques, il faut savoir que les hirondelles par exemple consomment énormément de ces insectes au cours de la journée, tandis que la nuit, ce sont les chauves-souris qui prennent le relais. Une chauve-souris par exemple consomme en moyenne 2000 moustiques par nuit.
Ainsi il est judicieux également d’installer des gîtes pour les chauves-souris qui rappelons le, sont les seuls mammifères vivants de la planète à pouvoir voler. Si la végétation autour du bassin est de qualité et les habitats hospitaliers pour accueillir la faune sauvage, l’écosystème du bassin s’équilibrera automatiquement et les populations de moustiques seront régulées. Notons par exemple que les libellules sont de grandes prédatrices d’autres insectes et permettent ainsi d’en réguler les populations qui pourraient devenir envahissantes voire ravageuses.
Quelques papillons commencent à sortir et à pointer le bout de leurs trompes. Quelques-uns ont été contactés sur le Domaine comme des Petits Nacrés, des Procris, un Flambé, des Mélités du plantain et un Echancré.
Concernant le végétal soulignons que le lierre qui pousse sur les troncs des arbres est de bon augure, n’empêchant ni la croissance ni le développement de ces derniers et prodiguant un habitat de qualité pour les oiseaux comme pour les insectes. Ce végétal offre qui plus est de la nourriture en hiver, une véritable aubaine à cette saison.
Des arbres morts sur pied ou des tas de bois morts laissés au sol sont de magnifiques habitats pour la faune sauvage.
Présence d’ortie dioïque, une plante qui, comme les ronciers, n’a pas bonne presse dans l’inconscient collectif, mais qui s’avèrent être très pertinente en termes de biodiversité. De très nombreux oiseaux passent la nuit dans les fourrées de ronciers et plus de 10 espèces de papillons pondent sur cette plante, sans oublier les baies fournies aux oiseaux et les nombreuses fleurs mellifères pour les insectes. L’ortie quant à elle peut accueillir les chenilles de nombreuses espèces différentes de papillons, c’est à dire que les chenilles de ces lépidoptères ne se nourrissent exclusivement que de cette plante pour leur développement.
De magnifiques haies sont présentes par endroits et sont à conserver car elles représentent de vrais refuges en termes de biodiversité. Ce sont des haies avec des essences végétales locales et variées, ce qui est le plus pertinent pour favoriser la vie.
Il est intéressant de développer la strate arbustive. En effet, si l’on souhaite qu’un écosystème soit équilibré il est important d’avoir bien présent sur site les trois strates de végétation. Dans la nature on trouve toujours la strate herbacée, la strate arbustive et la strate arboricole. En effet, à chaque strate de végétation est associé un cortège faunistique et si tous les étages végétaux sont bien présents, l’équilibre se crée naturellement. Ces trois habitats permettent ainsi à la faune de s’autoréguler, et permettent également de lutter contre les espèces invasives sur les cultures, puisque des prédateurs vont pouvoir trouver également le gite et le couvert (comme des guêpes parasitoïdes qui parasitent d’autres insectes et même d’autres guêpes ou encore le hérisson très friand de limaces).
Le fait de laisser des haies avec des essences végétales locales et variées est très favorable pour les oiseaux comme pour la petite faune. Ce type de milieu, le bocage, est de plus en plus absent de nos paysages et ce à cause de la mondialisation et de la marchandisation de l’agriculture moderne se devant d’être toujours plus compétitive au détriment de la nature. Or ces habitats se révèlent être de superbes refuges pour la biodiversité. Soulignons par exemple qu’un grand nombre d’oiseaux ne dorment pas dans leur nid ou dans des nichoirs, comme souvent les personnes le pensent, mais au sein de fourré de roncier ou de haie. Le nid ou le nichoir ne sert effectivement qu’à nicher, c’est-à-dire à pondre les œufs, les couver et nourrir les oisillons au début de leur vie.
La LPO PACA remercie chaleureusement le Domaine de Marie pour son engagement à préserver la biodiversité et leur souhaite la bienvenue au sein du plus grand réseau de jardins écologiques de France, à savoir le réseau des Refuges LPO !