Si les oiseaux sauvages sont effectivement les hôtes naturels des virus grippaux, ils jouent un rôle mineur dans leur propagation.
Jeudi 5 novembre, 46 départements français ont été placés en « risque élevé » d’introduction de la grippe aviaire, par arrêté du ministère de l’Agriculture. Après l’apparition de foyers en Russie et au Kazakhstan cet été, l’épizootie a progressé vers l’ouest, touchant récemment les Pays-Bas.
Face à cette situation d'alerte, la LPO tient à rappeler plusieurs faits.
Les oiseaux sauvages sont effectivement les hôtes naturels des virus grippaux, mais ils jouent un rôle mineur dans les mécanismes de propagation de ces virus du fait du caractère pathogène de ces derniers : l’extrême sensibilité des oiseaux sauvages infectés les empêche en effet de se déplacer. Ce sont donc des vecteurs inefficaces dans le mécanisme de propagation des Influenza aviaires.
La faune sauvage est certes le réservoir naturel des Influenza, mais ce sont bien les élevages qui concentrent toutes les conditions pour que ces types de virus développent leur caractère mutagène en risquant de passer la barrière espèce pour menacer l'homme. Les épisodes précédents d’H5N1 suffisent à le rappeler.
De fait, les souches de grippe aviaire sont le plus souvent relativement bénignes chez les oiseaux sauvages, alors que celles rencontrées chez les oiseaux domestiques élevés en batterie dans des conditions stressantes sont en revanche souvent plus dangereuses. Avec une densité de population élevée, comme dans les unités d’élevage industriel et de co-élevage, le virus a la capacité de muter plus rapidement vers des formes hautement pathogènes.
Dans un contexte de mondialisation des marchés, la faculté des virus aviaires à se propager rapidement d’un pays à l’autre ou d’un continent à un autre est avant tout le fait des échanges et des transports commerciaux. Comme pour la plupart des autres virus, les flux de marchandises et d’humains sont autrement plus efficaces que les oiseaux sauvages pour faciliter la propagation des Influenza.
Alors que des mesures de restrictions fortes sont demandées aux éleveurs dans les départements en alerte, qu’en est-il des chasseurs qui transportent et utilisent des appelants vivants (oies, canards) ? Ces derniers, en contact avec les oiseaux sauvages, facilitent ainsi la circulation du virus entre le cheptel domestique, l'avifaune sauvage et la population humaine ! La LPO appelle donc à l’interdiction du transport et de l’usage des appelants pour la chasse au gibier d'eau sur leur lieu de détention et sur le lieu de chasse, et rappelle demander l’interdiction des lâchers et du transport du gibier à plumes depuis déjà plusieurs années.
Enfin, la LPO insiste sur le rôle essentiel des gestionnaires d’espaces naturels et des centres de soins pour la faune sauvage dans la veille qu’ils effectuent, sur le plan de la santé animale, par la prévention des maladies ayant des impacts économiques (élevage) ; et également sur le plan de la santé publique, par la prévention et le contrôle des zoonoses émergentes.
Source : https://www.lpo.fr/actualites/grippe-aviaire-les-oiseaux-sauvages-un-peu-facilement-pointes-du-doigt