Nul autre oiseau n’a engendré autant de légendes, de croyances et de traditions. Annonciatrice du printemps pour certains, porte bonheur pour d’autres, l’Hirondelle rustique refait son apparition après de longs mois passés en Afrique tropicale.
Qui est-elle ?
Passereau aux ailes pointues, l’Hirondelle rustique a une silhouette que beaucoup d’entre nous connaissent. Son bec fin et plat, sa bouche énorme, ses pattes courtes, sa queue échancrée prolongée par de longs filets, son front et sa gorge rouge brique, son dessous blanc, son dessus sombre bleuté sont les principaux critères que l’on observe. Son agilité au vol aérien et sa vue perçante en font un oiseau terriblement efficace pour la chasse des insectes. En effet, strictement insectivore, elle consomme de préférence des diptères (notamment des moustiques), des hémiptères, des lépidoptères, des coléoptères ou des hyménoptères.
Populaire et très commune, l’Hirondelle rustique a longtemps partagé l’habitat de l’homme, de la préhistoire jusqu’à nos jours. Elle fréquente les zones rurales, les zones agricoles, les petits villages où la présence humaine lui est presque indispensable. En effet, elle construira de préférence son nid, sur les poutres d’une étable ou d’un garage, parfois en colonie lâche. Le nid en forme de coupelle est réalisé en une dizaine de jours et est composé de boue récoltée aux alentours, mélangée à de la salive et des brins d’herbes secs. La solidité de l’ouvrage est remarquable. Il peut être construit dans des endroits insolites comme sur le dessus d’un abat-jour, d’une fenêtre entrouverte, ou dans un puits. Le décorticage d'un nid d’Hirondelle rustique a permis de révéler une quantité de 212 grammes de terre séchée liée par 2 224 de brins d’herbes sèches. 1 100 voyages furent nécessaires à son élaboration !
Quatre ou cinq œufs sont déposés et couvés pendant quinze à seize jours. Après trois semaines, les jeunes prendront leur envol et seront encore nourris par les deux parents. Une seconde couvée est souvent enchainée. L’Hirondelle rustique reste fidèle à son site de reproduction et les couples restent unis pendant plusieurs années. Grande migratrice, elle rejoint dès la fin du mois d’aout les zones d’Afrique tropicale et méridionale. De retour en mars, elle émet son chant en vol ou posée, constitué d’un gazouillis mélodieux souvent entrecoupé de trilles et de sons sifflés.
L'Hirondelle a longtemps suscité des interrogations auprès des naturalistes du 18ème siècle. Présente au printemps et en été, puis soudainement absente dès l'arrivée de l'automne, une majorité d'entre eux pensait que les hirondelles passaient l’hiver dans la vase des étangs après s’être rassemblées dans les roselières à l'arrivée de l'automne.
Les espèces d’Hirondelles sont désormais menacées pour la plupart, étant directement touchées par la disparition de leur site de nidification dans les étables, les mutations agricoles au profit de l’agriculture intensive, la destruction volontaire de leur nid sur les façades des immeubles, l’utilisation des traitements phytosanitaires ou la disparition des zones humides, des haies et des bosquets. Entre 1970 et 1995, la chute des effectifs était de 20 à 50% selon les régions françaises...
Pour la voir...
L’Hirondelle rustique est un passereau migrateur commun qui s’observe dès le mois de mars sur les salins d’Hyères. Afin de mettre toutes les chances de votre côté pour l’observer, des sorties nature dans les salins de Hyères sont organisées par la Ligue pour la Protection des Oiseaux en partenariat avec la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée. Peut-être aurez-vous l’occasion de faire sa connaissance en compagnie de spécialistes des oiseaux.
Julie Cabri, Ambassadrice Biodiversité à la LPO PACA
Cet article a été rédigé dans le cadre de l'année d'actions pour les hirondelles et les martinets 2019 #hirondellesetmartinets2019