La Métropole Toulon Provence Méditerranée intervient depuis 2004 sur les salins d’Hyères afin de concilier accueil du public et protection de la biodiversité. Les actions de gestion hydraulique quotidiennes entreprises sur ce site propriété du Conservatoire du Littoral ont permis l’installation d’une diversité d’espèces remarquable à l’échelle de la façade de méditerranée française dont le Goéland railleur.
Pour la Ligue pour la Protection des Oiseaux PACA, chargée du suivi ornithologique et des conseils de gestion en faveur de l’avifaune sur les salins d’Hyères, l’installation du Goéland railleur était attendue, fait qui se concrétisa en 2009 puis au fil des années. Aujourd’hui la population montre une vitalité remarquable qui a abouti en ce début d’été à une opération de baguage des poussins ce mercredi 27 juin, qui permettra de mieux connaitre les habitudes de cette espèce fragile et menacée.
Cet événement a rassemblé plus de cinquante personnes, en présence de Jean-Pierre GIRAN, Maire d'Hyère que nous remercions pour sa présence.
Espèce migratrice, le Goéland railleur est inféodé aux milieux lagunaires et saumâtres. Son régime alimentaire est composé d’invertébrés aquatiques et de poissons de petite taille. Il niche sporadiquement autour du bassin méditerranéen et hiverne en Méditerranée centrale et orientale. Les colonies s’installent sur les milieux sableux et sur des îlots sans végétation. Le nid, composé de brindilles et de plumes, peut accueillir jusqu’à quatre œufs pondus en mai.
Cette espèce est classée « Vulnérable » sur la liste rouge des espèces nicheuses de France, mais ses effectifs sont en augmentation depuis une vingtaine d’année avec une estimation fiable d’environ 1000 couples.
En PACA et notamment en Camargue, le Goéland railleur est un reproducteur régulier seulement depuis 1973 mais avec des effectifs très variables : 850 couples en 1995 puis 196 en 2006 et enfin 968 couples en 2016.
L’installation d’une colonie de 62 couples de Goélands railleurs en 2009 sur le salin des Pesquiers marquait une première pour le site et pour le département du Var. L’année 2015 était une année record avec 354 couples nicheurs, malheureusement la colonie a été prédatée par un renard puis abandonnée. Afin que la prédation ne se reproduise plus des aménagements anti-intrusion ont été mis en place. Cependant, les oiseaux ayant une mémoire des traumatismes antérieurs, seuls 4 couples ont tenté de se reproduire en 2016 mais sans succès. En 2017, 17 couples se sont installés avec succès. Enfin, l’année 2018 marque le retour en force de l’espèce avec plus de 450 couples installés et plus de 700 poussins. Soit près d'un quart de la population française nicheuse pour cette espèce.
Réalisé depuis 2009, sous l’égide de la Tour du Valat, le baguage des poussins de Goéland railleur apporte des informations sur la dispersion des jeunes et sur leurs zones d’hivernage. Les lectures de bagues nous ont déjà permis de savoir que 79 % des oiseaux bagués à Hyères sont revenus sur leur site de naissance. Nous savons aussi que, une fois volant, les oiseaux quittent les salins d’Hyères pour la Camargue où ils séjourneraient quelques semaines. Ensuite via l’Italie, la Sicile ou la Sardaigne ils traversent la Méditerranée pour passer l’hiver sur les côtes Tunisiennes et en Lybie. Quel sera le trajet des oiseaux bagués en 2018 ? Seul le réseau d’observateurs nous permettra de répondre à cette question et les années à venir affinerons peut-être nos connaissances sur les voix migratoires empruntées.
Qu'est-ce que le baguage?
Baguer consiste à poser sur le tarse ou le tibia des oiseaux une bague métallique numérotée. Pour le Goéland railleur, en plus de cette bague métallique inoxydable, une bague plastique lisible à distance est posée. Le baguage, lorsqu’il est assuré par des personnes qualifiées, n’altère en rien le comportement des oiseaux. Le fait de baguer un oiseau ne sert à rien en soi, si sa bague n’est pas recontrôlée ultérieurement. Il est donc primordial de s’attacher à suivre au mieux les oiseaux bagués que l’on peut rencontrer sur les salins.
Pour en savoir plus sur le Goéland railleur consultez notre article paru dans la rubrique "Zoom sur une espèce".