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Aigle botté en volière de rééducation ©Emeline PujolasFin octobre, il ne s’agit pas moins du quatrième aigle à passer les portes du Centre de sauvegarde depuis le début de l’année. Après deux aigles de Bonelli et un Aigle royal, c’est au tour du plus petit des aigles de faire son arrivée. De la taille d’une buse, venez découvrir la sombre histoire de cet Aigle botté.

Le 23 octobre 2023, dans les Bouches-du-Rhône, une femme qui se promenait est sûre d’elle : elle vient d’entendre un tir et aperçoit un rapace, en plein vol, tomber proche d’elle. Elle hurle alors, pour faire fuir les braconniers, accourt vers l’oiseau et a le bon réflexe d’appeler immédiatement les pompiers pour la capture. Après un court séjour chez notre vétérinaire référent, qui a pu réaliser un examen complet et les premiers soins d’urgence, l’aigle est pris en charge au Centre de sauvegarde.

Le diagnostic est formel : l’aigle présente une double fracture de l’aile et 13 plombs dans le corps, décelés grâce à une radiographie. Le rapace restera quelques jours en soins intensifs, avec une surveillance accrue, l’aile immobilisée et un traitement médicamenteux. L’équipe de soins réalisera également nourrissages réguliers afin qu’il reprenne force et vigueur, car son état ne lui permettait pas de s’alimenter seul à son arrivée.

Nourrissage de l'Aigle botté ©Marie Trossero

Une semaine plus tard, il a pu rejoindre un box extérieur, dans le but de diminuer son stress quotidien. Malgré une bonne évolution de ses fractures, son pronostic vital reste encore engagé. En effet, plusieurs plombs sont présents au niveau des articulations de ses ailes et à l’heure actuelle, il n’est pas encore possible de savoir avec certitude s’il pourra voler de nouveau sans séquelle. Retirer tous les plombs sous anesthésie générale ne sera envisagé qu’en dernier recours car l’opération représente un risque majeur pour l’animal, de plus certains plombs sont logés en profondeur et souvent inaccessibles.

L'impressionnant Aigle botté ©Emeline PujolasLe regard de l'Aigle botté ©Emeline Pujolas

Le braconnage : une triste réalité encore bien présente en région Sud

En Europe, tous les rapaces sont protégés par la loi. En effet, elle stipule qu’il est formellement interdit de les détenir sans autorisation, de leur nuire ou de les déranger. Les braconniers bravant ces interdictions sont passibles de 3 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende. Le Centre de sauvegarde réalise chaque année des radiographies de toutes les espèces protégées arrivant en période de chasse afin de déceler les individus victimes de tir. Des signalements auprès de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) sont immédiatement effectués et des enquêtes sont menées afin de retrouver les malfaiteurs.

Radiographie de l'Aigle botté décelant la présence des plombs ©Clinique vétérinaire Les Oliviers

Radiographie de l'Aigle botté, révélant la présence de 13 plombs dans le corps (entourés d'un rond rouge)
©Clinique vétérinaire Les Oliviers

En dépit des peines encourues, de nombreux oiseaux protégés sont régulièrement victimes de braconnage. Au cours de la période de chasse de septembre 2022 à février 2023, 19 oiseaux protégés ont été victimes d’un tir illégal. Parmi eux, seulement 6 ont pu être relâchés, et un dernier est toujours en soins. Les espèces visées sont variées : 6 éperviers d’Europe, 3 faucons pèlerins, 2 buses variables, 2 autours des Palombes, 1 Circaète Jean-le-Blanc, 1 Faucon crécerelle, 1 Faucon émerillon, 1 Vautour fauve, 1 Héron Garde-bœufs et 1 Aigle de Bonelli ont malheureusement été accueillis avec des plombs présents dans le corps.

Radiographie d'une Buse variable braconnée ©Clinique vétérinaire Les OliviersRadiographie d'un Autour des Palombes ©Clinique des Oliviers

Radiographies de deux autres pensionnaires du Centre de sauvegarde, arrivés braconnés.
A gauche : une Buse variable, à droite : un Autour des Palombes.
©Clinique vétérinaire Les Oliviers
 

Depuis l’ouverture de la chasse au mois de septembre 2023, il s’agit déjà du neuvième oiseau d’espèce protégée braconné à passer les portes du Centre de sauvegarde. S’ajoute à l’Aigle botté : 2 buses variables, 1 Milan noir, 1 Faucon crécerelle, 1 Choucas des Tours, 1 Autour des Palombes, 1 Héron cendré et 1 Grue cendrée. Malheureusement, des vétérinaires bénévoles ont dû abréger les souffrances de deux d’entre eux dès leur arrivée, car leurs blessures étaient trop conséquentes et ne leur permettaient pas un retour à la vie sauvage.

Pour retrouver les actualités des 2 aigles de Bonelli accueillis cette année, c’est par ici :
Une seconde chance pour un Aigle de Bonelli et Sauvetage d’un Aigle de Bonelli heurté par un train.

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