Il y a 20 ans, le 5 avril 1998, l’Association Régionale pour la Protection des Oiseaux et de la Nature devenait la Ligue pour la Protection des Oiseaux Provence-Alpes-Côte d’Azur. En 20 ans la LPO PACA s'est développée pour être désormais présente sur tout le territoire régional grâce à ses groupes locaux de bénévoles, acteurs indispensables de la vie associative. Les groupes sont les piliers locaux de l’association régionale. Aujourd'hui c'est l'évolution de la LPO PACA avec les groupes locaux de bénévoles qui est mis à l'honneur avec le témoignage d'Alain Moussu, membre fondateur de la LPO PACA et ancien Président.
Les groupes locaux ne sont ni des « cercles fermés d'ornithologues », ni des « forcenés du recrutement et de la recherche de financement ». Ils intègrent ces deux éléments et réalisent un programme d'activités qui les motivent. Les groupes locaux sont avant tout des structures « vivantes » qui, dans le cadre de l'association et de ses objectifs, développent leurs propres initiatives en fonction des motivations des bénévoles et des spécificités locales. Tous les citoyens qui le désirent sont librement invités à les rejoindre, afin d'agir pour la protection de la nature.
Les rôles des groupes locaux sont :
- d'assumer une mission de collecte et/ou de diffusion d'informations;
- de contribuer à la promotion de l'association locale LPO PACA en promouvant ses buts et ses objectifs auprès des publics et des acteurs (autres partenaires associatifs, institutionnels et privés) de leur zone géographique, tant en conservation qu'en développement
- de faire partager l’intérêt et l’attachement à la nature sauvage et permettre aux membres et à la population en général de connaître l'avifaune et plus globalement la biodiversité;
- d'animer la vie associative au niveau local : permettre aux membres et sympathisants de s'impliquer dans la vie et les actions de l'association et de la soutenir;
- d'apporter un soutien aux actions d'envergure régionaleen poursuivant et en relayant localement une ou plusieurs actions ou opérations de la LPO PACA (Atlas naturalistes, éducation à la biodiversité, programme de conservation des espèces, etc.);
- d'initier des actions au niveau local.
1998 : 0 groupe • 2018 : 24 groupes
Témoignages
Alain Moussu
Membre fondateur de la LPO PACA, ancien Président
Tu es membre fondateur, peux-tu nous parler de la LPO PACA à ses débuts ?
Le 05 avril 1998, lorsque les deux associations (ARPON & LPO) ont fusionné, il y a eu regroupement des membres : 400 pour l’ARPON + 600 membres pour la LPO qui se trouvaient réunis dans une même association ! Pour développer des ancrages locaux, on s’est appuyé sur le développement de groupes locaux. Ces réunions de bénévoles proposaient des actions sur les territoires. Enfin les premiers Emplois Jeunes ont été décisifs pour relayer et développer les actions à côté des bénévoles et faire croître l’association.
Comment vois-tu la LPO PACA dans sa dimension régionale?
La LPO France voulait une LPO régionale qui englobe les 6 départements, en s’appuyant sur une association naturaliste déjà régionale. C’est donc l’ARPON, créée en 1963, qui est devenue LPO PACA. L’identité ne posait pas de problème, leurs objets étaient similaires, et la motivation d’intégrer un réseau d’envergure nationale était motivant !
Tu as utilisé « les groupes locaux » pour déployer les actions. Quelle est la place des bénévoles dans les actions développées à la LPO PACA ? Portent‑ils les actions sur le terrain à côté et/ou en parallèle des salariés?
Sur ce sujet il faut beaucoup de vigilance, il faut éviter de créer des murs et des incompréhensions. Lorsqu’un salarié va s’engager sur le terrain, il faut d’abord penser à quels bénévoles vont accompagner cette action et avec quels objectifs. Et si on ne le fait pas on se coupe de l’objet de l’association. Le cœur du sujet c’est l’action bénévole, on n’est pas un bureau d’études, et les salariés qui sont là se font plaisir et se comportent souvent comme des bénévoles !
Quel bilan tires-tu de ta présidence à la LPO PACA?
Le premier point de satisfaction c’est la viabilité de la structure, et aussi sa position régionale avec d’autres. Se construire sur un déficit constaté de la protection de la nature et constater une reconnaissance en tant que leader 15 ans plus tard, c’est un point de satisfaction. Le deuxième point de satisfaction c’est la confiance accordée à la LPO PACA débutante par les premiers bénévoles, les premiers salariés, et puis aussi les collectivités et les institutions qui n’ont jamais été trahies : ce point est pour moi consubstantiel du premier point. Lorsque je rencontre des salariés ou des bénévoles c’est à cela que je pense. Depuis que j’ai confié les manettes à un nouveau conseil d’administration, avec un nouveau Président (Gilles Viricel), et une direction qui tient, j’ai l’esprit tranquille et la satisfaction des engagements tenus !
Et demain ?
Comme disait Coluche, j’espère que demain « ils n’auront plus besoin de nous ». Mais j’ai peur que nous soyons condamnés à une éternelle croissance et je me pose la question « est-ce que l’on atteindra le virage critique qui nous fera ressembler à nos concurrents anglais ? ». Ils sont 3 millions pour la défense de la nature à soutenir la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB), alors qu’en France nous sommes 46 000 membres ! En Grande-Bretagne, on ne se l’explique pas, mais il y a un profond amour des animaux. Il y a un fossé entre nos deux pays ; ici, la cause animale ne déclenche que peu d’actions militantes, sauf contre les abattoirs. Même si les français sont très militants et engagés dans les associations, les causes humanitaires sont souvent opposées à la protection de la nature. Le soutien à la personne et aux réfugiés est prioritaire, et cela se définit par exclusion des animaux, les animaux passent après.
Heureusement, pour terminer, la LPO PACA tient grâce à des énergies qui sont rares !
Télécharger la fiche "Il y a 20 le 5 avril 1998 naissait la LPO Provence-Alpes-Côte d'Azur"