Les négociations de ces derniers jours pour préparer la future Politique agricole commune 2021-2027 laissent craindre le pire : les eurodéputés ne s’orientent pas vers une réelle transition agro écologique devenue plus que nécessaire face à l’urgence climatique et au déclin de la biodiversité. A la veille du vote, prévu ce vendredi, la LPO en appelle à un sursaut salutaire des Eurodéputés.
Depuis le début des discussions sur la prochaine PAC, entamées le 19 octobre, le Parlement européen a déjà rejeté plusieurs amendements en faveur de l’environnement, faisant craindre l’adoption d’un texte vidé de toute ambition écologique.
- La proposition d’aligner les objectifs de la PAC sur ceux du Pacte vert pour l’Europe (Green Deal) a été refusée.
- L’objectif de réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre par l’agriculture d’ici à 2030 a été repoussé.
- Le renforcement de la protection des tourbières et des zones humides rejeté.
- L'amélioration du bien-être animal renvoyée aux calendes grecques.
- Pour couronner le tout, l’importante flexibilité accordée aux Etats membres sur de nombreuses mesures souvent non contraignantes risque d’inciter à la mise en place de normes environnementales minimales, et donc inadaptées.
Ces orientations mortifères pour les espèces et leurs habitats sont tout aussi néfastes au secteur agricole lui-même. Ne pas lutter avec efficacité contre l'érosion des sols, les dérèglements climatiques et la disparition des insectes pollinisateurs pénalise également les paysans, aujourd’hui otages économiques et principales victimes de la PAC. Ces derniers doivent impérativement être aidés pour favoriser l’émergence d’une agriculture durable afin de produire en quantité suffisante une alimentation saine dans les limites des capacités de la planète.
Le système agricole actuel demeure la principale cause de l’effondrement de la biodiversité en Europe, comme l'a encore souligné un rapport de l'Agence européenne pour l'environnement en début de semaine. Le Parlement va-t-il choisir de perpétuer un système de subventions obsolètes et néfastes plutôt que d'inciter des centaines de milliers de fermes à se convertir à des pratiques respectueuses du climat et de la nature ?!
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Ce qui détruit la nature n’est pas tant le manque de moyens que toutes les aides données pour la détruire. Emmanuel Macron s’était engagé à ce que les critères d’attribution des aides de la PAC prennent davantage en compte les enjeux environnementaux pour mieux intégrer l’agriculture dans les milieux naturels. Le temps est venu de concrétiser ces promesses. Perdre encore 7 ans pour réformer notre système de production agricole serait totalement irresponsable vis à vis des générations futures. Demain 23 octobre 2020 fera date, soit comme le jour où l’Europe a loupé le virage historique attendu par tous, soit comme celui de l’espoir et d’un changement de modèle plein de promesses pour l’environnement, et donc les citoyens européens »