La LPO lance une campagne de sensibilisation pour inciter à ne pas déranger la faune et la flore sauvages dans les jardins et les espaces verts pendant leur période de reproduction, en suspendant notamment les travaux d’entretien de mi-mars à fin août.
Les arbres, les haies et les pelouses ne sont pas que des éléments décoratifs, ils abritent la vie sauvage. Oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens, insectes, araignées y trouvent le gîte et le couvert, en particulier au printemps et en été. S’abstenir de tailler, d’élaguer et de tondre pendant cette période sensible permet de protéger ces espèces animales, tout en favorisant l’épanouissement des végétaux.
Dans le même ordre d’idée, laisser les mal nommées « mauvaises herbes » s’installer spontanément est bénéfique pour la biodiversité et la qualité des sols. Il est également essentiel d’arrêter de proposer des graines ou des boules de graisse aux oiseaux, dont la plupart deviennent insectivores pendant la saison de reproduction afin de fournir aux oisillons les protéines animales nécessaires à leur développement. Il est tout aussi important de résister à la tentation de recueillir des jeunes sortis du nid et encore incapables de voler, car les parents restent le plus souvent à proximité et continuent de les nourrir. En bref : le mieux à faire, c’est de ne rien faire d’autre que de contempler la nature !
Jardins vivants
Différentes études démontrent que le déclin de la biodiversité est particulièrement marqué en zones urbaines et périurbaines. Le suivi temporel des oiseaux communs (STOC) coordonné par la LPO a ainsi mis en évidence une diminution des populations de près de 30% dans ce type d’habitat sur le territoire français entre 1989 et 2019. L’artificialisation des espaces naturels figure parmi les principales causes de ce déclin, avec la rénovation du bâti et la pollution.
Dans un tel contexte d’effondrement du vivant, les jardins publics et privés jouent un rôle de plus en plus essentiel dans la préservation de la faune sauvage, ainsi que dans la résilience face au réchauffement du climat grâce à la captation du carbone, l’absorption de l’eau et la création d’îlots de fraicheur. Premier réseau de jardins écologiques en France avec plus de 52 000 membres (particuliers, collectivités et entreprises), les Refuges LPO permettent de protéger près de 70 000 hectares de nature urbaine.
Passez à l’inaction !
La Politique agricole commune interdit déjà la taille des haies ou l’élagage des arbres en zones agricoles pendant la période de reproduction de la faune sauvage. La LPO souhaite qu’une réglementation similaire soit applicable aux espaces végétalisés gérés par les particuliers, les entreprises et les collectivités afin d’y limiter également les travaux d’entretien au printemps et en été, hors impératifs de sécurité comme la prévention des incendies.
Tout en encourageant tous les Français à mettre en œuvre cette action, ou plutôt cette inaction, dès demain, la LPO appelle donc les préfets à prendre des arrêtés restreignant la taille des haies et l’élagage des arbres à l’échelle de leurs territoires entre le 16 mars et le 31 août. De telles réglementations existent déjà dans certains départements, comme les Vosges et le Territoire de Belfort.
Face à la disparition de la vie sauvage, il est aujourd’hui nécessaire de rompre avec l’image de jardins à la française tirés au cordeau pour favoriser une gestion écologique respectueuse de la nature et du rythme des saisons. Il en va de la sauvegarde de la biodiversité comme de l’adaptation aux changements climatiques. Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO.